A l'aube du dernier E3, qui s'est tenu il y a quelques jours à Los Angeles, EA annonce à la surprise générale une suite à Unravel, petit puzzle-platformer bien accueilli par la critique, sobrement intitulé Unravel Two. Au programme, la possibilité cette fois de parcourir les niveaux du jeu en coop local. Après une première prise en main plutôt positive de notre ami Thomas il y a quelques semaines, qu'en est-il de l'expérience globale du jeu ?
Lorsque l'aventure démarre, nous retrouvons notre Yarny en bien mauvaise posture tandis qu'il peine à manoeuvrer son embarcation, alors prise en étau en plein coeur d'une redoutable tempête. Il échoue finalement sur un rivage en apparence hostile. Parmi les affaires éparpillées suite à cette mésaventure, notre petite pelote de laine rouge fait la rencontre d'un compagnon d'infortune et se lie (littéralement) à lui afin qu'ils dénichent ensemble un abri.
Yarny à laine
À l'issue du premier niveau tenant principalement lieu de tutoriel, nos deux Yarny se réfugient à l'intérieur d'un phare qui fera office de véritable hub central tout au long de l'aventure ; à l'image de ce que proposait le premier épisode avec la maison familiale. De façon plus prononcée dans ce Unravel Two, le joueur devra explorer les environs afin de pénétrer à l'intérieur des différents niveaux et autres zones bonus du jeu, lesquels ne deviennent accessibles qu'au fil de la progression du jeu.
Les niveaux, au nombre de sept (en incluant le chemin qui mène au phare), se révèlent plus variés que jamais, avec la présence d'environnements naturels, mais également plus urbains voire industriels. Ainsi, rivières, étangs et marécages côtoient usines et autres villes ensommeillées dans ce qui apparaît comme un titre plus éclectique que par le passé. L'impression de gigantisme s'avère toujours aussi grisante tant nos deux compagnons paraissent minuscules au regard des décors et autres objets qu'ils rencontrent.
Fil harmonie
Ceux qui avaient été charmés par les visuels de la première aventure de Yarny le seront tout au autant dans cet épisode : les environnements bénéficient d'un rendu parfois photo-réaliste, tout en étant empreints d'une certaine poésie propre à la direction artistique du jeu. La majesté des décors, leur aspect duveteux et le charme délicat de nos deux avatars de laine confèrent au titre une ambiance proprement délicieuse et enivrante. Les deux compositeurs à l'oeuvre dans le premier volet se chargent une nouvelle fois de la bande-son du jeu, et ils confirment leur talent pour nous délivrer des pistes apaisantes qui illustrent avec délicatesse le voyage des Yarny. Dommage toutefois que cette bande-son demeure peu variée et se répète au fil des épisodes traversés, lesquels demeurent assez longs et font donc la part belle aux boucles sonores.
Si Unravel s'attachait à nous conter une histoire de famille à travers l'exploration de souvenirs, ce deuxième épisode se concentre plus particulièrement sur l'itinéraire de deux adolescents essayant d'échapper à leur morne existence. Cette intrigue, que l'on voit se dérouler en arrière-plan, sert de miroir au périple de nos deux Yarny, qui iront jusqu'à parfois aider directement les deux enfants lorsqu'ils se retrouvent confrontés à des entités maléfiques, souvent représentées par des figures adultes. Il ne faut bien sûr pas s'attendre à des embranchements scénaristiques dingues, il s'agit davantage ici d'un itinéraire poétique dans la continuité de la première aventure parue il y a deux ans. Le titre se veut être un message de tolérance et de partage comme l'attestent les derniers instants du jeu, magnifiques de simplicité et d'innocence.
On s'attache
La grande nouveauté de cet opus réside dans la possibilité pour le joueur de contrôler non pas un mais deux Yarny à la fois, les deux pelotes étant liées dès le début du périple. La prise en main est immédiate et le joueur rompu aux mécanismes du premier Unravel ne seront pas déboussolés. En effet, l'alternance entre les deux Yarny s'effectue par une simple pression de la touche triangle (version testée sur PS4 standard). En maintenant cette touche, et à condition que les deux compères de laine soient proches, ces derniers peuvent même fusionner lorsque les interactions entre eux ne sont pas nécessaires.
Le joueur doit donc progresser en exploitant la verticalité des niveaux, ainsi que toutes les possibilités de gameplay offertes par le jeu : lancer son fil de laine afin de se hisser, tirer un objet à soi pour atteindre des zones inaccessibles autrement ou encore tendre un fil à partir de deux points d'accroche afin d'élaborer une plate-forme pouvant servir de tremplin. La présence du second Yarny permet en outre d'apporter un peu de variation dans ces phases de gameplay puisque celui-ci a la possibilité de rejoindre son comparse de laine sur une plate-forme en hauteur s'il s'y trouve, ou l'aider à se balancer afin d'en atteindre une autre plus loin.
Un jeu fil good
Si le titre de Coldwood Interactive demeure parfaitement jouable en solo, l'exploration des niveaux en coopération locale avec un ami ou un proche décuple le plaisir de jeu. Ainsi, certaines phases sont véritablement pensées pour une expérience à deux et jouissent par ailleurs d'un level design à la fois original et accessible. En témoigne cette séquence au cours de laquelle l'un des Yarny doit se balancer délicatement au bout du fil tandis que l'autre doit le hisser progressivement sans qu'il ne se fasse carboniser par des zones enflammées. Sympathique en solo mais autrement plus amusant à deux.
Toutes ces combinaisons avec l'environnement et entre les deux Yarny s'effectuent de façon tout à fait naturelle et les zones sont conçues de telle sorte que le joueur ne se sent jamais frustré s'il rate telle ou telle action. De même, une fois certains mécanismes propres au level design assimilés (se balancer depuis une plate-forme, effectuer une boucle autour de celle-ci...), les énigmes du jeu se révèlent assez simples à résoudre pour peu que l'on prête attention aux éléments du décor. Tout concourt à rendre l'expérience de jeu accessible : de nombreux checkpoints jalonnent les niveaux, le joueur peut avoir recours à des astuces si jamais il se sent démuni face à une énigme et il a même la possibilité de ralentir légèrement la vitesse du jeu grâce à un ralenti, même si on en voit assez mal l'utilité tant les sauts et autres cabrioles ne requièrent pas une dextérité folle.
Défi(l)s relevés
Si on pouvait reprocher au premier Unravel d'être assez court, celui-ci l'est davantage, du moins en ce qui concerne l'aventure principale : environ 5h pour en venir à bout. Néanmoins, les suédois de Coldwood Interactive se sont attachés cette fois-ci à accroître la rejouabilité du titre. Le joueur est incité à parcourir de nouveau les niveaux dans un temps imparti, à parvenir à leur terme sans jamais passer l'arme à gauche ou encore à récolter tous les items disséminés un peu partout. Outre ces challenges, la progression dans le jeu permet également d'accéder à une vingtaine de niveaux bonus nommés "défis" et hiérarchisés en fonction de leur difficulté. Il s'agit d'énigmes et de zones ressérées dans lesquelles nos méninges sont mises à rude épreuve afin de libérer d'autres Yarny retenus prisonniers. Si les premiers tableaux se concluent assez aisément, la plupart de ces défis donneront à coup sûr du fil à retordre même aux plus chevronnés.
Comme l'évoquait Thomas dans ses impressions et conformément à la volonté des développeurs, la dimension ludique de ce Unravel Two se veut ainsi plus étoffée que par le passé. On notera que la libération des Yarny débloque des outils permettant au joueur de les personnaliser : modification de la forme des yeux, de la tête et du corps, ainsi que de leur couleur. Cela reste purement cosmétique et présente donc un intérêt tout relatif par rapport à ce qu'offre le titre par ailleurs.